L.
Cette maison abîmée dont on rêve par nuit calme
C’est le passé; ni le mien, ni le tien – celui au pouvoir duquel
Demeurent les rêves ; celui qui coule profond sous le sang.
Ce sang qui coule sur l’étoffe blanche d’un midi
N’est ni le mien, ni le tien ; versé une nuit de décembre
Ou novembre, les parents de nos parents le savent.
La maison propre sera toujours nettoyée car les saletés
Sur son sol et ses murs se sont accumulées au cours de trajets et tracas
Si lointains que ce jour s’en moque.
Ce jour voudrait aujourd’hui être lui-même,
Rien d’autre, et pourtant rien de ce que nous savons et ne connaissons
Ne lui permet d’être lui-même plus qu’un unique instant.
13 juin 2010
Maciej NIEMIEC
Traduction:
Liliana Orlowska et Laurent Pinon
Maciej Niemiec (1953-2012), poète polonais, a vécu à Paris à partir de 1987. Tout en continuant à mener sa carrière en Pologne, il a conquis une place sur la scène poétique française. Il a publié en Pologne sept recueils de poèmes, ainsi que Temu co się nie kończy. Tren (A qui n’en finit pas. Thrène), de Michel Deguy, traduit par Fernand Cambon et lui-même. En France, il a publié deux recueils : Trente poèmes pour une femme, aux éditions Atelier La Feugraie, 2001, et Le quatrième roi mage raconte, chez Belin, dans la collection « L’extrême contemporain », 2002. Ses poémes étaient régulièrement publiés dans des revues : en Pologne dans « Zeszyty Literackie » et en France dans « Po&sie ».
[VI 2014]