Je viens de rentrer de Népal. Le tremblement de terre a surpris tout le monde. Les nouvelles concernant mon groupe sont plutôt rassurantes. Avant d’y aller j’en ai lu sur l’Internet et savais que la zone était séismique et que cela arrivait souvent. Mais, apprendre que cela vient de se produire réellement change la donne, la conscience doit enregistrer l’effet d’une telle expérience.
Parti avec un groupe de jeunes français de Hong Kong, je me suis trouvé dans un pays dont j’ignorais pratiquement tout. Dans ma mémoire j’ai portais quelques clichés bien connus des occidentaux sur Katmandu comme eldorado des baba-coules et amateurs des substances illicites. En effet Marihuana y pousse en qualité de mauvaises herbes. La capitale népalaise, c’est aussi la base de départ pour les trekking, ces expéditions d’ascension des Annapurna avec Mont Everest en ligne de mire des Alpinistes des Himalaya, prêts à consentir à bien des efforts à la recherche des sensations fortes à couper le souffle et les jambes.
L’an dernier, l’aumônerie de lycée de la communauté catholique francophone de Hong Kong a lancé un projet caritatif via une association d’entraide aux enfants pauvres de Katmandu. La fondatrice de Maya Népal, Nicole, une française, vivant depuis plus d’un demi-siècle à Hong Kong (ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine populaire en 1997), a accepté une telle heureuse collaboration avec joie. Et la joie fut partagée. Une quarantaine des jeunes se sont mobilisés pour lever les fonds nécessaires à l’achat de différents produits scolaires et l’équipement de toute une bibliothèque. En deux groupes, ils sont partie quatre jours chaque fois pour rencontrer les enfants, repeindre les locaux, préparer la bibliothèque, mais aussi visiter grâce à une assistante sociale locale des slums dans lesquelles vivent les enfants en faveur desquels l’association tente à venir en aide. 40 pour cent d’enfants de Népal ne vont pas à l’école. Souvent, ils travaillent dans les champs voir dans les carrières pour participer à l’effort de survie de toute la famille. Quelques uns d’entre eux peuvent être pris en charge scolairement par de divers organismes d’entre-aide. Maya Népal s’inscrit durablement dans un tel paysage de solidarité avec pour fondement le désir animé par la foi chrétienne d’être signe concret de l’amour de Dieu pour tous.
Une fois sur place, nous avons donc aussi ensemble prié et médité sur la manière dont les chrétiens peuvent voire même doivent demeurer sensibles à toute sorte de misère et faiblesse humaine. Ensemble, nous avons aussi cherché à savoir comment être à l’écoute de son cœur humainement bien formé et apprendre à être attentif à l’appel de Dieu…
J’ai quitté le groupe vendredi dans la nuit, or le samedi matin la terre trembla. Je ne l’ai appris que samedi après-midi en me rendant à la messe à Hong Kong. Nous y avons prié en communauté pour toutes les victimes, avec certains parents qui s’y trouvaient. Eux, les jeunes, tout comme leurs quatre animateurs, étaient sains et saufs. Bien que choqués par les secousses ressenties, mais également par le fait de voir le paysage de la ville, encore quelques instants auparavant si naturellement remplie de grouillement de la ville, soudainement se transformer en champs de ruines avec tant des corps humaines ensevelis.
Au moment de la première secousse, ils étaient dans une école en train de distribuer des cartables pleins de cahiers et d’autres fournitures scolaires lorsque la terre s’est mise à trembler. Fort heureusement, le bâtiment a tenu bon, personne n’a subi de dommages corporels. Ils ont passé la nuit dehors avant d’être rapatriés à Hong Kong où le Consulat en lien avec la direction du Lycée français – parfaitement dans leur rôle respectif – propose de répondre aux attentes d’accompagnement psychologique qui semble nécessaire. Ce samedi, comme il y a une semaine la messe sera célébrée à l’intention de toutes les victimes, mais cette fois-ci en présence des jeunes francophones et de leurs animateurs partie prenant de ce projet Maya Népal. Action humanitaire est aussi déjà lancée au sein de la communauté pour venir en aide à ce pays du haut plateau asiatique qui, malgré de magnifiques paysages et une culture du peuple népalais très riche et plein d’accueil désintéressé, est si souvent mal menée par l’histoire sociale et politique, et parfois la nature se montre dangereuse, voire meurtrière.
Nous nous retrouverons très bientôt pour reparler de cette expérience à la lumière de la foi chrétienne. Maya Népal continuera, quand bien même plus, car chaque fois lorsque, sous une forme ou une autre, la terre tremble, il y a de la vie à secourir, et toujours de la vie à exprimer. Et pour les fondateurs de Maya Népal cela passe par l’espérance qui anime les cœurs et la charité qui fait ouvrir les mains, les deux enracinées dans la foi chrétienne qui ne connait pas de frontière ni entre les hommes ni entre eux et Dieu qi tout pour tous.
Rémy KUROWSKI
Rémy Kurowski, pallottin, vit à Hong Kong.
[IV 2015]